Présentation de l'exposition "Posture Imposture" Annick Sterkendries par Paul Leroux au Château Coquelle, Galerie Robert Chata. ...Dans une image précise et frontale, l’artiste aborde la migration sous un angle singulier, bien loin des représentations aujourd’hui diffusées. Ainsi, le parti pris d’une participation des sujets et d’une poétisation affirmée, décalent le regard par-rapport à une iconographie ambiante largement dominante. Les sujets portent des masques d’oiseaux et sont inscrits dans les théâtres de la tension migratoire européenne. Cette posture plastique est porteuse d’un sens indéniable. Cette image présente en effet une analogie de réflexion sur la valeur même d’une frontière. C’est là toute la magie d’une démarche artistique, que de proposer des extrapolations de sens et de compréhension de la réalité. Annick STERKENDRIES réalise à merveille un pas de côté du réel trivial, pour nous y ramener encore plus profondément, chargés d’un nouveau regard. Quand, de plus, cette image singulière se base sur une participation des sujets eux-mêmes, une dynamique engagée et responsable est alors atteinte, grâce au détour artistique.../

En octobre 2013 alors que j'observais le passage migratoire de milliers d'oiseaux, avait lieu un des premiers gros naufrages (médiatisés) au large de Lampédusa. C'est à partir de ces deux événements croisés, que j'ai eu l'idée d'aborder ce sujet dramatique, par la métaphore de l'oiseau. Après quelques recherches de néophyte, j’ai constaté que migrants et oiseaux migrateurs se regroupent aux mêmes endroits, chacun voulant rejoindre l’autre rive par le chemin le plus court. Quelques mois après leur arrivée, les volatiles feront le chemin inverse. Pour les migrants qui fuient la guerre, la dictature, la pauvreté, retourner (être renvoyé) serait un échec. Ce sujet et sa métaphore me touchaient particulièrement. J'ai réalisé une cagoule tête d’oiseau, très minimaliste et je suis partie à la rencontre des réfugiés dans différentes villes portuaires, Tanger, Nador, Rabat, Ceuta, Melilla, Agrigento, Lampedusa, Calais… Là devant certains endroits significatifs, campements, ports, guérites militaires…, je demandais à une personne volontaire de se coiffer de la cagoule et de prendre la pose. Entre le papier et la réalité, il y avait un monde... De retour, la tête pleine d'images difficilement assimilables, j'ai réalisé différentes installations présentées dans cette exposition.

Empreinte portrait/paysage (Résumé) Les sept images réalisées par Annick Sterkendries sont conçues à partir de rencontres de personnes âgées dans leur environnement. A la fin de ces rencontres, l'artiste prend quelques photos rapides d'objets du cadre de vie de la personne (papier peint, nappe, fleurs, vêtements, outil, jardin...) et éventuellement une image de la personne (si elle est d'accord). Le temps imparti est environ d'une à deux heures de conversation pour quelques minutes de photographies. L'entretien est filmé, afin de présenter une trace de ces rencontres.

La trame de mon travail est la rencontre. Je trouve mes sources dans les rapports humains. Je travaille en créant une relation de confiance avec les gens afin d'aboutir à la réalisation d'une œuvre photographique dans laquelle ceux- ci sont impliqués . Humour, poésie, surréalisme font partie de ma démarche artistique. Les images de « Moisson d'idées / Moisson d'images découlent de moments de vie passés en compagnie de personnes âgées résidentes à la maison de retraite de Nozay. C'est un point de vue souriant sur leurs vies. Les béquilles, trotteurs, fauteuils roulants ont une belle place dans mes images car ils contribuent à l'autonomie des anciens et font partie de leur quotidien. Les chats sont souvent présents dans ce travail, car la personnalité bien trempée de cet animal fait qu'il ne reste dans un endroit que s' il en a envie. Ici, il y en a trois, câlinés à souhait...Les résidents photographiés ne sont pas reconnaissables car mon propos n'est pas de de faire partager la personnalité d'un individu en particulier.

Touchée par les querelles politiques entre Wallons et flamands et la division éventuelle de mon pays natal, je suis partie en balade, accompagnée de mon coq Hardi (emblème de la région wallonne) à ...« Coq sur Mer ». Enfant, je passais mes vacances dans cette petite station balnéaire de la côte belge. Durant trois jours, Hardi le coq s'est promené dans la ville, a mangé des spécialités locales et participé à la réalisation d'une installation sur la plage . Installation sur la plage du Coq : Sous le regard de mon coq, j'ai dessiné en lisière d'eau, l'emblème de la région Wallonne le fameux «coq hardi». Cette fresque de blé pigmenté de rouge, sera picorée par Hardi tandis que simultanément la mer «flamande» recouvrira l'effigie. Le symbole de la Wallonnie disparaîtra avec la marée dans l'indifférence du petit gallinacé. Pourtant : Née en Belgique j'ai Habité Bruxelles durant mes trente premières années, en France, pays où j'habite maintenant, je constate avec nostalgie que les diversités linguistiques et culturelles de la Belgique sont des qualités dont nous manquons içi.

Dans l'exposition Invasion animalière, Annick Sterkendries nous emmène dans un univers étrange teinté d'humour, en laissant place aux fantasmes les plus inquiétants. A partir d'animaux-objets, de peluches ou d'animaux naturalisés, de cabinets de curiosités, d'animaux hybrides, de teddy bear aux 500 têtes, l'artiste aborde notre rapport ambigu avec l'animal: tantôt admiré, tantôt câliné, mangé ou enfermé...et met en évidence la question de la récupération du pouvoir de la science par des firmes agroalimentaires dangereuses.